Affaire kerviel - Sommes nous libres de nos actes ?

Aujourd'hui, Libération titre un article sur l'affaire Kerviel qui a couté 4,9 milliard de dollars à la société générale (article sur libé). Ce qui est intéressant, c'est la réaction des actionnaires qui lynchent leur PDG, affirmant qu'il est responsables actes de son employé, ayant fixé des primes trop alléchantes, amenant Kerviel à allez trop loin. Lisez vous même :

«Nous sommes des grognards, et bien je vais grogner», a entamé un actionnaire, dès la première intervention. (...) «quand on crée les conditions d’un gros bonus, on abaisse le seuil d’honnêteté des gens». «Il ne faut pas aller contre l’humain. S’il n’y avait pas eu ces gros bonus, il ne se serait pas passé ce qui s’est produit», a-t-il ajouté. «On a fait emprisonner l’employé alors que ce sont ses patrons qui auraient dû quitter les lieux», a-t-il ensuite lancé sous les applaudissements de la salle, avant d’accuser les dirigeants d’avoir transformé la banque en «casino».

«Vous avez spéculé, un point c’est tout. C’est vous qui êtes en cause et M. Kerviel n’est qu’un pantin dans tout ça, qu’il aurait été facile d’arrêter si vous l’aviez voulu ou si vous aviez eu des contrôles vraiment corrects»


Ceci pose la question du libre arbitre de l'individu, en tant d'individus et en tant que société. Sommes nous libre d'agir comme bon nous semble ou bien sommes nous dirigés inconscient par quelque chose qui échappe à notre contrôle direct ?

Dans le cas de Kerviel, et d'après les actionnaires de la SG, il n'était pas véritablement responsable de ses actes, car l'appât du gain et les conditions de son environnement de travail était tels que sa réaction était plus que problable, et donc, assez logiquement, le responsable est celui qui fixa ces règles de bonus bien trop alléchante pour tout honnête homme, à savoir le PDG de la SG.

Cependant, poussons la réflexion un peu plus loin, Daniel Bouton est-il vraiment responsable ? Lui aussi est dominé par un besoin de faire des bénéfices, il ne peut donc que chercher à maximiser le bénéfice de ses actions, en conséquence, il va fixer des primes visant à maximiser le rendement. Alors, coupable notre Daniel Bouton ?

Dans, ce cas pourquoi les actionnaires se plaignent ? Le raisonnement qu'ils appliquent à Kerviel est sensiblement le même que celui qui fixa la politique de direction de Daniel Bouton. Peut-être qu'eux-aussi sont mis en actions par des intérêts qui les poussent à agir tels qu'ils le font ? D'ailleurs, l'un des actionnaire démarre en disant : «Nous sommes des grognards, et bien je vais grogner», comme s'il n'avait pas d'autre choix.

Souffrance, plaisir, et choix
Lorsque nous observons le comportement d’un individu nous trouvons que ces agissements lui sont imposés et qu’il est obligé d’agir ainsi sans aucune possibilité de choisir. Il ressemble en cela à un civet qui mijote à feu doux et qui n’a pas d’autre choix que d’être cuisiné. La providence a attaché la vie à deux chaînes: le plaisir et la souffrance. Toutes les créatures vivantes n’ont aucune liberté de choix entre le plaisir et la souffrance et le seul avantage que l’homme possède sur les animaux est de pouvoir faire des projets à long terme. C’est-à-dire, accepter sur le moment une certaine dose de souffrance dans l’espoir de futurs bénéfices ou de plaisirs après un certain laps de temps.

Yéhouda Ashlag, La Liberté

Le kabbaliste et penseur du début du 20ème siècle, le Yéhouda Ashlag, exprime une idée similaire dans son article la Libérté, autrement dit que nous sommes manipulé par notre propre nature, par notre environnement, et rien il ne nous est vraiment donné aucun choix, si ce n'est de réaliser et d'exécuter les commandements provenant des lois de la nature.

Cette idée est également présente chez Spinoza, et chez d'autre penseurs ancien et moderne, par contre l'aspect assez innovant de Ashlag est que dans son article, il détermine l'environnement comme facteur déterminant de notre choix, et que cette environnment, lui, peut être choisi et modelé à chaque instant.

Ainsi, si nous ne voulons pas finir dans un civet comme Daniel Bouton, à nous de choisir, activement, un meilleur monde, à chaque instant.